A l’heure où entreprises et collectivités sont appelées à préparer un plan de sobriété énergétique ambitieux afin de réduire d’au moins 10% leur consommation énergétique dans les deux prochaines années, vous pouvez légitimement vous poser la question de la compatibilité de cette trajectoire avec une démarche de transformation digitale.
Faisons ensemble le point sur ces deux notions et tachons de trouver des solutions pour passer tous les voyants au vert !
Qu’est-ce que la transformation digitale ?
Transformation digitale : définition
Plusieurs définitions de la transformation digitale (aussi appelée transformation numérique) existent. La plus concise, provenant du populaire Wikipédia , est la suivante : « Le phénomène de mutation lié à l’essor du numérique et d’Internet ».
L’AFNET (« Association Francophone des utilisateurs du Net ») propose une définition plus complète : « La transformation de toutes les composantes de l’entreprise (processus, métiers, culture, organisation…) sous l’influence des TIC (technologies de l’information et de la communication) ».
La transformation digitale est en effet bien plus que la simple dématérialisation de vos documents, ou l’automatisation de tâches répétitives.
Il s’agit d’une démarche globale qui vise à repenser les modèles d’affaires traditionnels et à aligner les organisations humaines avec ces nouvelles stratégies afin de tirer parti du monde numérique et d’acquérir une adaptabilité suffisante pour évoluer constamment dans un environnement très changeant.
La transformation digitale en pratique
Après avoir pris le temps de définir ce qu’est la transformation digitale, on comprend qu’il ne s’agit pas simplement de la refonte d’un site internet ou de la mise en place d’une CRM.
Il s’agit d’abord de stratégie et de culture d’entreprise.
C’est une démarche méthodique qui nécessite de faire un constat honnête de la situation présente de son organisation, d’acquérir une vision fine de son marché, d’explorer les perspectives offertes par le numérique, mais également de tenir compte des contraintes de son environnement.
Repenser la stratégie de l’entreprise implique donc de prendre en considération l’ensemble des enjeux auxquels l’entreprise fait face.
Et l’un des enjeux principaux commun à toutes les organisations est bien la réduction de son impact environnemental. La commission européenne l’a d’ailleurs rappelé dans son rapport de prospective stratégique 2022 intitulé : «Garantir le couplage des transitions verte et numérique dans le nouveau contexte géopolitique».
Ainsi, une réelle transformation digitale est-elle compatible avec un plan de sobriété énergétique ambitieux ?
Qu’est-ce que la sobriété énergétique ?
Sobriété énergétique : définition
La sobriété énergétique, à ne pas confondre avec l’efficacité énergétique, est la réduction des consommations d’énergie par des changements dans nos usages et dans l’organisation de nos sociétés, comme la décrit l’association Négawatt.
L’efficacité énergétique est quant à elle complémentaire à la sobriété énergétique puisqu’il s’agit de la réduction de consommations d’énergie de nos appareils réalisée grâce aux progrès techniques et technologiques.
Le problème étant que jusqu’ici une grande partie de ces progrès a été annulée par un manque de sobriété.
Si on prend l’exemple des écrans d’ordinateur, le passage de l’écran cathodique à l’écran LCD puis à l’écran LED ont amené une réelle efficacité énergétique qui a été annulée par une augmentation de la taille de nos écrans : 6 pouces d’augmentation rien qu’entre 2016 et 2018 !
Mais avant de se pencher en détail sur la consommation énergétique, il convient de distinguer quelques éléments clés.
Energie primaire, énergie finale et énergie grise
L’énergie primaire est l’énergie directement disponible dans la nature avant transformation, telle que le vent, le soleil, les combustibles fossiles ou renouvelables, l’eau stockée dans un barrage ou encore la chaleur produite par une centrale nucléaire (et non pas l’uranium !).
L’énergie finale est l’énergie disponible pour le consommateur après transformation : électricité dans la prise au bureau ou à la maison, carburant à la station essence, etc…
Ces opérations de production; de transformation et de transport engendrent des pertes d’énergie entre énergie primaire et énergie finale. Afin de ne pas mélanger des choux et des carottes, un bilan énergétique global doit donc comptabiliser un seul type d’énergie, comme le rappelle GreenIt.fr.
Enfin il convient de mentionner l’énergie grise : il s’agit de l’énergie consommée en dehors de la phase d’utilisation de nos équipements : pour extraire les ressources nécessaires telles que les métaux, puis pour fabriquer les appareils, les transporter et également pour gérer leur fin de vie.
La consommation d’énergie en France
Quelle consommation d’énergie en France ?
En France en 2020, voici comment se répartit notre consommation d’énergie finale (1 490 TWh) :
L’énergie finale consommée en France, c’est donc près de 59% d’énergies fossiles, principalement utilisées pour le transport (47%) et dans le résidentiel-tertiaire pour le chauffage (32%).
L’électricité, qui représente 27% l’énergie finale, est principalement consommée par le résidentiel tertiaire (70%) et l’industrie (26%)
Cette électricité provient des sources suivantes (Source: RTE):
- Nucléaire : 67 %
- EnR électriques : 23% (hydraulique, énergie marémotrice, éolien, photovoltaïque)
- Gaz naturel : 7 %
- Autres : 3%
L’électricité était donc décarbonée à près de 93% en France en 2020.
Le bilan d’énergie primaire (2 571 TWh) en France en 2020 se répartissait ainsi:
On se rend bien compte en passant du bilan d’énergie finale au bilan d’énergie primaire que la production de notre électricité engendre des pertes assez importante d’énergie, de l’ordre de 60% (environ 1300 TWh d’énergie primaire pour produire 500 TWh d’électricité). En conséquence, l’électrification de nos usages (véhicules électriques, pompes à chaleur, numérisation…) va avoir des conséquences extrêmement fortes sur nos besoins de productions d’énergie primaire. C’est une des raisons pour lesquelles le gouvernement insiste aujourd’hui sur les besoins de sobriété énergétique.
Ces données permettent de mettre en lumière les notions clés suivantes :
- Malgré notre électricité très décarbonée, le mix énergétique de la France est encore très marqué par les énergies fossiles, notamment en raison de leur utilisation pour les transports et pour le chauffage.
- Une électrification de nos usages implique une très forte augmentation de notre consommation d’énergie primaire notamment en raison des pertes d’énergie constatées lors de la production et de la distribution d’électricité.
Part du numérique dans la consommation d’énergie
Selon l’étude de 2020 GreenIt.fr intitulée «iNUM : impacts environnementaux du numérique en France», la consommation d’énergie primaire du numérique en France en 2020 était de 180 TWh. Celle-ci se décompose comme suit :
–41% d’énergie grise consommée pour la fabrication de nos appareils (avec la proportion suivante : 90% pour les terminaux utilisateurs tels que smartphone, ordinateurs, objets connectés… et les 10% restants pour les équipements réseaux et les data centers)
–59% d’énergie primaire liée à la consommation d’électricité à l’utilisation (avec la proportion suivante : (46% pour les terminaux utilisateurs, 32 % pour les équipements réseaux et 22 % pour les data centers)
Au final, c’est 106 TWh directement consommés sur le territoire, soit 4% de notre consommation d’énergie primaire. Cette portion a une influence directe sur les risques de coupures électriques cet hiver par exemple.
Les 74 TWh restants représentent une consommation d’énergie importée depuis les pays où sont extraites les ressources et où sont fabriqués nos équipements.
Bien qu’ils ne représentent pas un gisement de sobriété énergétique directe pour la sécurité énergétique de la France à court terme, travailler sur la question des équipements numériques permet également de traiter d’autres éléments importants tels que la pénurie de ressources et les émissions de gaz à effet de serre et donc d’assurer une résilience à long terme.
Pourquoi alors ne pas profiter de cette conjonction d’évènements qui nous a amené à réfléchir à la sobriété énergétique pour mettre en place des usages et des comportements plus adéquats pour notre futur ?
Combiner transformation digitale et sobriété énergétique
Le numérique, c’est un ensemble de technologies qui peuvent être à la fois des alliés ou des freins à la sobriété énergétique, et plus globalement à la transition écologique. Le point déterminant réside donc dans l’usage que nous faisons du numérique et la conscience que nous avons de ses impacts négatifs afin de pouvoir les éviter ou les limiter.
Le digital au service de la sobriété énergétique
L’essor du numérique a révolutionné nos manières de communiquer, de commercer, de partager. L’un de ses atouts principaux est la possibilité qu’il apporte de collaborer à distance et ainsi de développer le télétravail. L’agence internationale de l’énergie (IEA en anglais) présente la mise en place du télétravail comme la deuxième mesure à mettre en place dans son plan en 10 points pour réduire la consommation de pétrole. Ainsi l’instauration de trois jours de télétravail quand cela est possible entrainerait une réduction de consommation de 170 000 barils/ jour soit l’équivalent de 105 TWh annuels.
C’est l’exemple parfait d’une mise en pratique de la transformation digitale permettant également d’avancer sur le plan de la sobriété énergétique.
Source : IEA
Certains pourront néanmoins se questionner sur les impacts négatifs annexes liés à la mise en place du télétravail. L’infographie ci-contre de carbone 4 présente les émissions liées à un trajet hebdomadaire pour le travail comparé à différents usages numériques.
Source : Myco2 par Carbone 4
On constate que les émissions évitées par une moindre utilisation du véhicule compensent largement les émissions liées aux différents usages numériques d’une personne en télétravail. Cette infographie ne portant que sur la partie utilisation, nous verrons par ailleurs qu’il convient de veiller à ne pas multiplier les équipements pour limiter nos impacts et notre consommation.
Combiner et optimiser les usages
Une autre manière d’avancer conjointement dans la transformation digitale et la sobriété énergétique est de repenser nos usages afin de les combiner et de les optimiser.
C’est par exemple le cas avec la chaudière numérique Qalway de Qarnot Computing . Cette solution permet de chauffer écologiquement des bâtiments ou de l’eau chaude sanitaire en utilisant la chaleur fatale informatique dégagée par les serveurs lors de leurs calculs.
C’est un cas concret de combinaison des usages où nous pouvons tirer parti de l’énergie dégagée par le numérique pour l’utiliser par ailleurs et ainsi être plus sobre dans nos consommations.
Le numérique responsable pour réduire la consommation énergétique
Enfin, il est certain que la digitalisation de notre société a un impact non négligeable sur notre consommation d’énergie, comme nous l’avons vu précédemment, et plus globalement sur notre empreinte environnementale. D’après le Shift Project , le numérique pourrait représenter plus de 9% en 2025 de la consommation d’énergie primaire mondiale, soit un doublement en l’espace de 10 ans.
Il est donc nécessaire d’intégrer les bonnes pratiques du numérique responsable dans le cadre d’une démarche de transformation digitale.
En limitant par exemple la multiplication des équipements par utilisateur. En reprenant le cas du télétravail, il faudra être attentif à ne pas tomber dans un dédoublement systématique du matériel entre le domicile et le bureau.
Plus globalement, un certain nombre de mesures clés permettent de limiter l’impact énergétique et environnemental d’une transformation digitale, en limitant par exemple le renouvellement du matériel, en utilisant du matériel reconditionné ou encore en limitant notre utilisation de la vidéo qui représente 80% des flux de données sur internet.
Une transformation digitale durable
Comme nous venons de le voir, la transformation digitale peut être un levier puissant dans une démarche de sobriété énergétique, si celle-ci est menée en y intégrant les bonnes pratiques du numérique responsable.
Il est donc fondamental pour les organisations d’adopter une stratégie qui combine ces éléments afin de faire face aux grands enjeux actuels.
Voyants Verts accompagne les dirigeants de petites et moyennes organisations qui souhaitent engager une transformation digitale durable.
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